Terminales - Option arts : Martin

Publié le par Nadine Averink

Problématique : La paréidolie est un phénomène psychologique qui consiste, par exemple, à identifier une forme familière dans un paysage, un nuage, de la fumée ou encore une tache d'encre, mais aussi une voix humaine dans un bruit, ou des paroles (généralement dans sa langue) dans une chanson dont on ne comprend pas les paroles. Les paréidolies visuelles font partie des illusions d'optique . L’identification de visages dans les nuages est un exemple classique de paréidolie. Mes travaux représentent tous des visages mais ils sollicitent l’attention appuyée du spectateur pour les retrouver.

 

1er travail

Ce travail est une représentation en 2D plus précisément un bas-relief de format 52x50m composée d’une palette chromatique sombre  voire sobre avec un camaïeu de noir, blanc, gris (noir, gris foncé, gris clair et blanc). C’est un portrait celui de Marilyn Monroe constitué par la superposition de différentes couches de carton plume préalablement coupés et peints sous des formes et couleurs précises. La superposition permet alors de faire apparaître le visage de la célèbre actrice de manière simplifiée et s’appuie sur l’esthétique du pixel art (ou art du pixel).

 

 

Cette image peut être exposée de différentes manières. Elle peut être accrochée sur un mur ou bien posée sur un socle mais aussi disposée directement au sol afin de souligner les différentes couches ou épaisseur du carton plume. Ma principale influence est l’artiste américain Andrew Myers qui réalise des portraits 3D grâce à plusieurs milliers de vis. Il cherche à représenter les formes des visages en enfonçant plus ou moins profondément les vis dans le support afin de créer du relief. Tim Noble avec ses installations est également une référence.

Le visage de Marilyn Monroe est indiscernable à une distance trop proche du support, nous ne pouvons le percevoir qu'éloignés du travail.

 

2e travail

Ce travail est un bas-relief en bois constitué par collage, le format est de 50x50 cm. Les éléments utilisés sont des lettres en bois. Ce sont les éléments plastiques identifiables avec l’éclairage naturel mais avec un éclairage spécifique et un mode de présentation légèrement incliné, on voit apparaître le visage du chanteur et compositeur Serge Gainsbourg. Le visage n’est pas inventé il s’agit là encore comme le précédent d’une personnalité. Le travail représente un visage situé au centre d’un format carré. L’angle de vue est alors frontal et la palette chromatique est claire. Le blanc du support en bois préalablement peint et la couleur bois clair des lettres inchangée. Ce projet propose donc une représentation simplifiée du profil de Charles Gainsbourg.

 

 

Ma principale influence artistique fut le travail de Kumi Yamashita, une artiste japonaise qui, elle aussi, tente de représenter des portraits humain sous différentes techniques. Dans plusieurs de ses œuvres, elle propose un assemblage de lettres ou de chiffres permettant la représentation de différents visages grâce à des éclairages spécifiques. Ici le travail est de plus petit format et l’assemblage beaucoup moins impressionnant (Kumi Yamashita représente ses portraits sur des murs avec des lettres de plusieurs dizaines de centimètres. Ici, par un simple assemblage de lettres collées sur un support, il est possible grâce à l’éclairage de facilement distinguer un visage en 2D et peut être même le reconnaître.  Ce travail est double par son apparence “transformable” grâce à l’action de la lumière. Les lettres semblent disposées pêle-mêle alors que leur positionnement est calculé pour obtenir l’image voulue. Grâce à l’action de la lumière et l’apparition de l’ombre portée, on devine le profil de Serge Gainsbourg.   Les lettres sont détournées de leur usage pour devenir matériau plastique.

 

3e travail

Ce 3e travail est une réalisation figurative réalisée grâce à la technique de fil tendu, il est constitué d’une planche de bois peinte en blanc, de fils, et de clous. Il s’agit d’un portrait. Cette image ne possède pas de système de présentation spécifique et peut être simplement accrochée à un mur ou posée à plat sur une table le spectateur distingue plus nettement le principe de construction de cette image avec les clous et les fils.

 

 

Le visage est situé au centre d’un format carré. L’angle de vue est frontal. La palette chromatique est simple la couleur blanche du support fait ressortir le noir des fils et des clous. Ce visage est simplifié, suggéré plus que réaliste mais on peut deviner la  silhouette de l’aviateur Charles Lindbergh. Mon projet prend pour principale inspiration les œuvres de Kumi Yamashita, réalisant des portraits réalistes à l’aide d’un seul fil maintenu par une multitude de clous répartis sur une planche en bois peinte en blanc. Mais je vois aussi un lien avec le travail de Devorah Sperber (*) qui travaille avec des bobines de fil multicolores pour réaliser des installations qui sollicite la participation du spectateur pour dévoiler le sujet représenté. L’image apparaît dans une loupe placée en face de l’œuvre.

 

(*) La jeune fille à la perle, Devorah Sperber, installation de 5024 bobines de fil

 

4e travail

Ce travail est une représentation figurative, c’est un portrait du président américain Kennedy. Il s’agit d’un photomontage réalisé à l’aide de plusieurs images en noir et blanc. J’ai utilisé le logiciel Excel pour la superposition de différentes images préalablement rognées de la photographie originale du président. Elles ont ensuite étés coupées puis collées sur un support en papier suivant le modèle réalisé par le logiciel. Ma principale influence est celle de l’artiste et photographe David Hockney. Dans divers travaux il combine diverses images afin de reconstituer un paysage, une scène ou bien un visage comme le travail sur sa propre mère appelé « My Mother »

 

 

Les éléments d’identification sont visibles non transformés il n’y a pas de défiguration comme dans un portrait cubiste. Le regard du modèle photographié capte celui du spectateur.

 

5e travail

C’est une image qui est composée d’une surface plane peinte en blanc de format Raisin sur laquelle de nombreuses lentilles ont été disposées afin de représenter le visage de Mandela. Ensuite ces différentes parties ont été peintes en gris foncé, gris clair et en noir. La palette chromatique est ainsi réduite en nuances de noir et blanc et cela permet de représenter le visage de l’ex président Sud-Africain.

La texture du travail est assez particulière étant donné qu’il s’agit de lentilles elle est fragile car ce matériau non artistique, comestible car il s’agit de céréales se détachent facilement.

 

 

L’artiste qui m’a principalement influencé pour la réalisation de ce travail est Jason Mecier qui arrive à représenter des visages et silhouettes humaines avec différents objets et aliments comestibles, comme des bonbons, des pates ou bien du riz. Enfin ce travail se rapproche de ma thématique de la paréidolie (illusion visuelle qui conduit à transformer des éléments de notre quotidien en visage humains) car il est possible, grâce à un assemblage et une coloration particulière d’aliments banals, de représenter un portrait célèbre reconnaissable par tous.

Le support est important, le carton est peint en blanc, sa couleur intervient dans la composition du visage ces zones blanches laissées en réserve traduisent la lumière qui tombe sur des zones comme le front ou bien la couleur blanche comme la chemise ou les dents. On peut donc parler de contrastes entre des zones claires et foncées. L’effet tactile sollicite le toucher du spectateur.

 

6e travail

Ce travail est une représentation de Sharbat Gula plus connue sous le nom de « l’Afghane aux yeux verts ». Cette dernière est connue pour avoir été le modèle de Steve McCurry pour un portrait photographique réalisé en 1984, qui parut l’année suivante  à la Une du magazine « National Géographic ». La jeune femme, connue pour ses yeux, deviendra l’icône des réfugiés afghans. Le dessin reprend ainsi son regard dans un format A3. Le point de vue est frontal comme dans l’image d’origine. La palette chromatique est claire. Le dessin est  placé sous cadre et la présence de celui-ci implique une perception de l’image modifiée par la présence du reflet puisque le spectateur s’y reflète tout comme l’espace d’exposition.  

 

 

J’ai esquissé d’après le modèle photographique les traits principaux du visage en laissant “inachevé » certaines parties pour travailler uniquement les yeux en couleur. Lorsque le spectateur contemple ce regard, il s’imagine l’émotion qu’il cherche à transmettre ainsi que le physique du protagoniste. Ce dernier travail est donc en apparence le moins abouti il se présente comme une esquisse mais il représente le plus en profondeur ma problématique et l’idée qu’elle exprime.

Les parties inachevées évoquent les dessins des artistes de la Renaissance jusqu'à l’époque contemporaine lorsqu’ils correspondent à  des étapes préparatoires à des peintures. Le dessin est une technique qui s’affranchit vite de sa subordination à la peinture pour devenir une œuvre à part entière. J’ai associé deux auteurs un philosophe Schopenhauer. Selon lui,  le travail artistique est comparable à un prince, on doit attendre qu’il nous parle et ne pas prendre la parole en premier, sinon l’on risquerait de n’entendre que sa propre voix. Toute œuvre a besoin d’imagination, et son but n’est pas de nous délivrer son sens directement mais de créer une voie vers son sens que le spectateur trouvera par son imagination. Et un écrivain, Voltaire, « Le secret d’être ennuyeux, c’est de tout dire ».

Pour la présentation le cadre est très important car le plastique reflète l’image de celui qui regarde le dessin donc c’est un “double portrait” de plus à chaque observateur se superpose un nouveau visage donc démultiplication des portraits possible.

Je pourrais envisager comme prolongement un dispositif qui prendrait une photographie du spectateur en train de regarder le dessin. Il repartirait avec le cliché de son visage qui apparaît en “surimpression” sur celui de la jeune fille

Pour terminer je trouve intéressant de citer Chuck Close, peintre, dessinateur hyperréaliste de portraits ou d’autoportrait en grand format et photographe souffre de prosopagnosie, ce qui le rend incapable de reconnaître les visages. En peignant des portraits, il est mieux en mesure de reconnaître et de se souvenir des visages. Sur le sujet, Close a dit: « Je ne prenais pas la décision consciente de peindre des portraits parce que j'ai de la difficulté à reconnaître les visages. Je m’en suis rendu compte vingt années plus tard, quand j'ai cherché à savoir pourquoi je tenais encore à peindre des portraits, pourquoi c’était quelque chose que je devais absolument faire. J'ai commencé à réaliser que j’ai continué à le faire pendant si longtemps parce que j'ai de la difficulté à reconnaître les visages ».

Publié dans Terminales

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :