Terminales - Projet Bac - Marie

Publié le par Nadine Averink

Marie

Ma problématique) MON PROJET s’axe autour de la notion de temps ainsi que de son impact, de son empreinte sur l’homme et inversement. J’ai choisi de travailler à partir de différents formats emblématiques de l’histoire de l’art (diptyque-pendant*) et d’un principe, celui de la sérialité.

J’ai choisi cette problématique pour son aspect universel et ambivalent. En effet, le temps peut être aussi bien un sujet d’angoisse tout comme un sujet d’excitation en fonction des situations et des caractères de chacun : il possède donc un aspect universel mais empreint d’une forte dimension personnelle. Cette ambivalence s’est alors présentée à moi comme une évidence dans mon choix de problématique ; le temps étant d’ailleurs une source forte d’inquiétude pour moi. Les titres que j’ai choisis sont très symboliques voire ironiques ou poétique comme par exemple Autour 2. 

- Production 1 : « Nature vivante au blé », « Nature vivante aux spaghetti », technique mixte (dessin et collage), formats oblongs, diptyque. 

Mon travail est un diptyque reprenant un genre mineur de la peinture, la nature morte et la vanité, tout en le détournant pour rendre à ce travail un ancrage actuel. Réalisé sur du papier à grain dans un format quasi oblong (50 x 65 cm environ dans la largeur et la longueur correspondant aux dimensions du format Raisin). Ce travail est majoritairement axé autour du dessin (utilisation de crayons HB, 2B, 4B, 5B) mais résulte d’une technique mixte car comprend également le collage d’éléments comestibles (blé et spaghetti). D’où son titre.

Nature vivante au blé est composée d’éléments figuratifs disposés sur une table dressée (nappe) tels qu’une bouteille de vin, une corbeille de fruits remplie de ces derniers et également présents sur la table (pommes, grappe de raisin, orange, abricots). Un dessous de verre a été réalisé à l’aide de graines de blé sèches, alignées et collées.

Nature vivante aux spaghettis est composée d’éléments figuratifs disposés sur une table en bois tels que deux bougies entamées et éteintes, un cendrier (sur la gauche) et d’un crâne animal (sur la gauche). Un tissu recouvrant une partie de la table a été réalisé à l’aide de spaghettis crus, alignés et collés. Ce travail constitué de 2 images correspond à une vanité.

Le fond des deux réalisations a été laissé non traité volontairement. Le fond du papier blanc met en VALEUR la composition traitée en nuances de gris à l’aide du crayon et la couleur des aliments.

Le format choisi permet de concentrer l’attention sur le centre des deux réalisations : l’œil est attiré sur l’essentiel du travail à savoir le dessin et non le cadre, ici volontairement inexistant.

Le choix de la nature morte fait également écho au passé mais aussi à une certaine intemporalité : les éléments représentés sont rendus éternels de par leur retranscription papier. L’ajout d’éléments comestibles, non conventionnels pour ce genre, vient finalement tirer les réalisations dans une dimensions présente et actuelle (la nourriture s’invite dans l’art avec le mouvement du Eat Art apparu dans les années 1960 avec Daniel Spoerri). Ainsi, ce travail est une rencontre entre les codes de l’art classique (passé) et l’affranchissement de celles-ci (présent). De plus, en choisissant des éléments crus non périssables, ces deux réalisations se tournent également vers le futur car elles ne subiront aucun changement dû au temps, si ce n’est le vieillissement du support.

Fonctionnant en dyptique, ces deux travaux se correspondent et s’opposent. Ainsi, la réalisation de droite représente dans un sens un élan de vie. On peut y voir des éléments non attaqués par le temps, encore tout à fait comestibles : les fruits ne sont pas pourris et donc ancré dans leur présent. Le vin, lui, fait écho à la joie de vivre et aux plaisirs terriens. Il possède néanmoins une forte symbolique religieuse reliée à la résurrection ainsi qu’à la vie éternelle (tout comme la présence du raisin et du blé). Toutefois, la réalisation de gauche représente un enclin à la mort, un memento mori. Les bougies sont entamées et éteintes représentant ainsi la fin de l’élan de vie présent sur la première réalisation. L’absence de lumière suggère les ténèbres et donc la fin de la vie terrestre. Le crâne est le symbole évident de la mort, de la fuite du temps et de la fragilité de la vie (passage brutal entre les deux travaux du dyptique : passage de la vie à la mort). Et finalement le cendrier est à nouveau le rapport métaphorique à la mort.

Les fonds neutres non travaillés permettent une meilleure mise en lumière des éléments centraux des travaux mais font écho aux pages blanches d’un cahier que l’on alimente au fur et à mesure du temps, qui se construit jour après jour.

Finalement, les titres sont paradoxaux et oxymoriques ‘’nature vivante’’ pour souligner leur double, quasi triple, ancrage temporel : ces natures ne sont pas mortes et constituent un travail encore actuel. La spécification ‘’au blé’’ et ‘’au spaghetti’’ permettent une meilleure identification des travaux en prévision d’une déclinaison en série.

Pour l’exposition de ce travail, j’ai imaginé un accrochage classique au mur à la hauteur du regard du public. Disposés côte à côte (Nature vivante au blé puis Nature vivante aux spaghettis) quasi collés, leur forme oblongue permettra de distinguer le symbole infini formé par les deux travaux, en relation avec leur ancrage temporel ici alors tourné vers tous les temps passés, présents et futurs. Possédant un fond non traité et aucun cadre, le mur d’accrochage sera peint de couleur bleu roi (symbole ici aussi d’infini) permettant ainsi au dyptique de ressortir. Bien que possédant un aspect en bas-relief dû au collage, ce travail reste néanmoins fragile, il sera défendu au public de rentrer en interaction physique avec. De petites cordelettes seront alors disposées au sol sur des petits piquets pour tenir à distance les visiteurs. L’éclairage se voudra tamiser et non naturel pour éviter le vieillissement prématuré des réalisations. Il se trouvera orienté vers le dyptique depuis les coins supérieurs du mur de présentation. Un petit cartel explicatif des symboliques sera présenté en dessous des deux réalisations avec leur identification (titre, artiste, date, matériaux utilisés).

Pour la conception et la réalisation de ce travail je me suis premièrement inspirée d’un travail de Pablo Picasso intitulé Nature morte à la chaise cannée où l’artiste mêle éléments du réel et dessin. Le format également m’en a été inspiré par celui-ci.

Le moyen dispositif ou la scénographie d’exposition m’a été inspiré par celui d’un tableau de Pierre Soulage, Paris Avant-Garde, lors de l’attente de sa vente aux enchères chez Christie’s. Le mur d’accrochage faisant ressortir encore d’avantage la puissance de la toile exposée par son choix de couleur.

-Production 2 : « 26 », « 11 », supports textile (patchworks), tee-shirt customisé et son pendant, sculptures suspendues et installation.

Mon travail se présente sous la forme de deux réalisations (PENDANT/suite) se répondant entre elles tout en s’opposant. Sachant que le chiffre 2 est une récurrence dans mon travail global.

Réalisées à partir de tissus, mon travail s’axe alors sur une technique unique d’empiècement et donc de couture. Les matériaux utilisés sont non artistiques et proviennent exclusivement d’un processus de recyclage et de seconde main.  Mais il s’apparente malgré tout à l’Art Textile. Dans les deux réalisations, un t-shirt blanc sert de base/support aux fragments de tissus ; lesquels diffèrent d’un travail à l’autre. De plus, l’une des réalisations est réalisée à la main (couture exclusivement manuelle) tandis que l’autre est réalisée à la machine à coudre. En utilisant 2 manières de faire de coudre l’une manuelle l’autre mécanique c’est la notion de temps d’exécution que je questionne. Chaque tissu provient d’environnements différents et les couleurs, matières et utilités d’origine se mêlent grâce au travail de couture. L’ensemble forme donc une surface ou un espace hétérogène et s’apparente à la technique du patchwork. On distingue nettement des motifs récurrents : les rayures. Les coutures sont visibles, l’insistance sur la dimension tactile est selon moi encore plus prégnante. En réalisant deux versions sur le même principe visuel mais en se différenciant sur la technique utilisée (manuelle et mécanique), j’ai voulu symboliser les écarts temporels entre les hommes en faisant référence au mythe des Parques dans la mythologie grecque. La réalisation manuelle m’a pris plusieurs dizaines d’heures dans la recherche, la découpe et la couture des tissus tandis que la réalisation à la machine m’a pris une petite dizaine d’heure. La mise en lumière d’un écart temporel et d’une certaine relativité du temps est recherchée ici. Le choix d’un vêtement souligne ce lien avec l’homme car le vise directement et de plus le vêtement en soi symbolise la présence du corps même absent. Les couleurs et la large variété de tissus choisis et assemblés symbolisent la diversité. De plus, chaque tissu a eu une histoire antérieure à ce travail (serviette de table, chemise, draps, etc.) et possède donc un autre ancrage temporel qui lui est propre. Ainsi, certains possèdent des tâches, traces physiques de leur utilisation avant leur upcycling.

Pour l’exposition de ce travail, j’ai imaginé une large pièce blanche du sol au plafond avec seulement au centre de celle-ci deux cintres suspendus par un fil transparent (de pêche) descendant du plafond se faisant face sur lesquels sont accrochés les 2 tee shirts. L’espace d’exposition se voudra large et permettra aux visiteurs de déambuler autour de mon travail (ronde-bosse), bien que le spectateur ne soit pas invité à entrer en interaction avec lui. Le caractère coloré des tissus que constituent mes réalisations fera alors contraste avec l’espace uniformément blanc et attirera le regard. La lumière sera diffusée au-dessus des deux réalisations grâce à un puits de lumière sur le même modèle que la double salle de l’Orangerie accueillant le Cycle des Nymphéas de Claude Monet. Aucun fond sonore ne sera diffusé pour mettre en exergue la vue du visiteur. Aucun mouvement d’air ne sera non plus présent, laissant les réalisations statiques l’une face à l’autre.

Pour ce travail, mes sources d’inspiration sont le mythe des Parques dans la Grèce Antique. Elles représentent le temps qui passe pour chaque mortel sur terre. De plus, dans le travail du tissu, je me suis inspirée de l’artiste Joseph Beuys et notamment de l’œuvre La Peau. Ce travail représente une veste accrochée en feutre avec une croix rouge, symbolisant l’urgence.

-Production 3 : « Autour 2 », sculpture (bois et aluminium), présenté en suite avec « Autour 1 », sculpture (Plexiglas et aluminium)

Mon travail s’intitule Autour 2 est une sculpture composée de planches de bois (planches de parquets découpées et vernies) et de baguettes d’aluminium. Le tout forme une structure d'environ 100 x 100 cm au maximum. La forme globale, ainsi que la palette chromatique composée presque essentiellement d’un brun tirant vers l’ocre jaune évoquent la structure globale d’une ruche d’abeilles.

Ce travail est réalisé en relation avec un précédent, lui aussi sculptural et dans les mêmes dimensions, Autour 1. Nous pouvons alors considérer que ces travaux constituent une suite. Autour 1 est quant à lui réalisé en plexiglas et baguettes d’aluminium. Sa forme générale rappelle les cernes du bois que l’on peut observer lors d’une coupe d’un tronc d’arbre. Dans les deux cas, la fixation des deux éléments se fait grâce à des équerres (réalisées maison) et des vis. Autour 1 a été réalisé durant la classe de 1e et présenté dans le cadre de 2 expositions : Cercle(s) etc. et Les Arts Plastiques s’exposent à la galerie Michel Journiac.

C’est important de le souligner par rapport à la temporalité l’idée de progression ou de cheminement d’une idée, d’un dessein (dans le sens de projet) à cheval sur 2 cycles (1e-T) sur 2 années scolaires donc en lien certain avec mon projet associé à la notion de temps

Les matériaux s’opposent à la fois dans chacune de ces 2 pièces sculpturales et entre les pièces (transparence-métal/ bois-métal), les formes, circulaire pour l’une et l’autre plus angulaire et irrégulière.  Le temps d’exécution est long, chacune de ses réalisations a nécessité plusieurs dizaines d’heures, des semaines, des mois. Ce sont des représentations géométriques donc des sculptures abstraites sachant qu’elles pourraient être accrochées (dans l’absolu au mur même si leur poids est conséquent) donc double dénomination possible sculpture ou pièce (pour pas dire œuvre) murale

Autour 1

Les cernes du bois représentent l’âge d’un arbre. Plus il est vieux, plus celui-ci aura de cernes visibles. Ainsi, plus le temps passe, plus l’arbre et son tronc grandit et prend de la place. Le cœur de l’arbre est ce qui est le plus jeune et permet d’assurer une bonne propagation de la sève à tout le restant de l’arbre ; tandis que les parties plus extérieures de l’arbres sont plus vieilles, plus robustes et protègent le cœur de l’arbre jusqu’à mourir (écorce qui se détache du tronc). On peut résumer ainsi que le plus jeune est au cœur et le plus vieux se tient en dehors et ne semble plus vraiment faire partie même de l’arbre dans son fonctionnement vital.

Autour 2

La forme inspirée des ruches d’abeilles fait écho à la fois à la méthode de structuration de leur habitat mais aussi par conséquent à leur hiérarchie et organisation « sociale ». Les abeilles n’ont pour unique but que de servir leur ruche. Chacune d’elles possèdent une mission bien définie et elles le tiendront tout le long de leur vie sans en changer. Une fois arrivée au bout de son temps de vie, une abeille qui sent qu’elle va mourir s’exile d’elle-même et sort de la ruche afin de mourir seule et de ne pas altérer le bon déroulement de la ruche.

Ces travaux ont pour vocation une exposition en extérieur pour renouer avec mes sources d’inspirations. Ce sont des ronde-bosse mais il est interdit de rentrer en interaction physique avec, malgré leur aspect textuel (matières et différentes hauteurs de matériaux).

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